Après le discours du président de la république sur le retour de Leonarda

Communiqué de presse de la FSU

Expulsion de Leonarda : une solution non conforme aux droits de l’enfant

Si le Président de la République reconnaît que l’expulsion de Leonarda n’aurait pas dû se passer ainsi, en ne lui permettant pas dans les faits de revenir en France, il ne tire pas les conséquences de cette reconduction à la frontière et ne répond pas aux revendications qui s’expriment depuis plusieurs jours.

Annoncer que Leonarda peut revenir, « si elle en fait la demande », finir sa scolarité en France mais « seule » revient à fermer une porte à peine ouverte ! Cette proposition est en contradiction avec les textes internationaux et les droits de l’enfant notamment sur le regroupement familial.

Quel enfant peut assumer, à 15 ans, une scolarité ainsi coupée de sa famille ? Et que deviennent les autres enfants de la famille qui étaient scolarisés à l’école élémentaire ?

La seule réponse aux questions soulevées par la FSU est l’engagement d’une nouvelle règlementation interdisant les interpellations dans le cadre scolaire.

La FSU demande que cette réglementation prenne effet immédiatement. Car la situation de Leonarda, n’est malheureusement pas isolée. D’autres lycéens et étudiants étrangers voient leurs études hypothéquées par le risque d’une reconduite à la frontière résultant de textes législatives établis par les gouvernements précédents.

La FSU demande également au gouvernement d’ouvrir des discussions sur les conditions de régularisation et particulièrement pour faire de la scolarité des enfants un critère déterminant de régularisation.

Cette situation montre une fois encore que la question des « sans papier » doit être rouverte car le cadre juridique n’est pas satisfaisant.

Le Président et le gouvernement ne doivent pas se réfugier derrière ce cadre juridique pour refuser de le changer et faire fi des valeurs et principes de la démocratie.

Communiqué RESF du 19/10/2013

Le non-courage politique

Après l’intervention de François Hollande

Hollande intervient à la télé pour démembrer une famille, celle de Léonarda autorisée à revenir en France sans ses parents et ses frères et soeurs. C’est la seule solution qu’il a trouvé face à l’émotion et à la mobilisation des lycéens devant l’expulsion de deux jeunes scolarisés, Khatchik lycéen de 19 ans, et Léonarda collégienne de 15 ans. Il affirme sa fermeté pour répondre aux attentes, montées en épingle par les sondages, des électeurs de droite, qui pendant plus de 10 ans ont entendu Sarkozy et Le Pen associer "immigration et insécurité".

"Je conduirai une lutte implacable contre l’immigration illégale" disait Hollande dans sa campagne. C’était son 50ième engagement et il s’y tient dans son application la plus stricte. Sauf que depuis des années, des militants PS, des responsables de ce parti, Manuel Valls lui-même à l’occasion n’hésitaient pas à soutenir publiquement, à parrainer, à écrire aux préfets pour demander la régularisation d’une famille, d’un jeune. Ces engagements, multiples et dans tout le pays laissaient croire aux électeurs de gauche que le PS au pouvoir en tiendrait compte dans sa gestion de l’immigration et qu’en particulier, il serait attentif aux situations individuelles des personnes vivant en France depuis des années. Une partie de l’opinion publique attendait très rapidement après la présidentielle quelques gestes forts dans ce domaine.

Mais Hollande applique son programme : il nomme Valls à l’Intérieur et laisse l’immigration à la charge de ce ministère. La législation votée sous les deux précédents gouvernements reste en place sans aucun changement. L’annonce d’une nouvelle loi est sans cesse repoussée aux calendes grecques. Et désormais le PS explique qu’il faut respecter la loi, celle là même dont ses membres ont combattu les effets concrets sur des êtres humains bien concrets eux aussi. La seule modification annoncée par Hollande est une accélération des procédures d’examen des demandes d’asile, pour que les enfants n’aient pas le temps de s’intégrer à l’école. Face aux situations désastreuses, les militants et responsables PS ont longtemps baissé les yeux et laissé faire, même si l’affaire de Léonarda et l’expulsion de Khatchik ont amené certains d’entre eux à se démarquer publiquement de Valls. Un premier pas faut-il espérer. Une circulaire de novembre 2012 est censée permettre quelques régularisations. Elle n’a pas force de loi et laisse la plus grande liberté aux préfets. La famille de Léonarda rentrait presque dans les clous très restrictifs de cette circulaire, le Préfet a décidé, en suivant les propos de son ministre de tutelle, que cette famille n’était pas « intégrable ». La scolarisation des enfants, l’avis des enseignants, la naissance d’un enfant en France, la présence de tous depuis cinq ans en France, n’existent pas, pire sont niés, refusés, exclus. Il est indispensable à la bonne marche de ce pays que cette famille soit expulsée vers le Kosovo, un pays pratiquement sans Etat dont on n’a pas besoin de demander l’autorisation pour accueillir ses prétendus ressortissants et dont le traitement fait aux Roms est reconnu carrément discriminatoire.

C’est la loi, disent Hollande et Valls. Une loi héritée de Sarkozy-Guéant et restée intacte. Et la procédure d’expulsion a été respectée : irruption de la police au domicile aux petites heures du matin, obligation de prendre rapidement quelques affaires et de laisser le reste derrière soi et même aller chercher l’enfant qui n’est pas au domicile. Bien sûr, le style de l’interpellation d’une gamine qu’on va saisir dans le bus au cours d’une sortie scolaire comme si c’était un dangereux criminel pour lequel toutes les forces de police doivent être mobilisées toutes affaires cessantes, est un peu choquant, même Hollande le reconnaît.

Mais ce n’est pas cet aspect, anecdotique, qui l’est. Ce qui est choquant c’est que la loi prescrive l’expulsion d’une famille qui vit ici depuis des années. Et c’est le manque de courage politique de ceux qui justifient ces lois, les font appliquer par leur administration et refusent de les changer.

Contacts :

Catherine Tourier 06 81 51 81 44

Armelle Gardien 06 89 49 48 47

Brigitte Wieser 06 88 89 09 29

Richard Moyon 06 12 17 63 81

COMMUNIQUÉ DE PRESSE RESF 25

LEONARDA : UNE DÉCISION INHUMAINE ET UBUESQUE

En proposant un retour en tant que "mineure isolée" volontaire, nouveau concept en matière de politique migratoire, à une jeune fille de 15 ans, F. Hollande s’est livré à un calcul politicien transparent : concéder le minimum possible à ceux que l’expulsion des Dibrani indigne, tout en affichant son soutien à la politique dure de Valls et en espérant sans doute ne pas trop désespérer l’électorat lepenisé.

Ce calcul s’est fait au mépris des droits humains et des droits de l’enfant les plus élémentaires, en particulier le droit à vivre en famille : que le chef de l’Etat propose à Léonarda la séparation d’avec sa famille, qui laisserait ainsi ses cinq frères et sœurs et sa mère dans un pays dont ils ne connaissent rien et où les Roms sont en butte à la plus grande hostilité, relève d’un chantage très éloigné de tout "discernement".

Une proposition hypocrite et cynique, qui avait bien peu de chance d’être acceptée. On voit ainsi dans quel mépris nos gouvernants tiennent le facteur humain, s’agissant des migrants et des Roms en particulier.

Inhumain, ce choix est aussi politiquement aberrant, puisqu’il mécontente à peu près tout le monde. Pour la frange lepenisée, tout autre choix qu’un refus abrupt est inacceptable. Et pour la gauche, il ne saurait pas non plus être accepté, le remède étant pire que le mal. Rien n’est donc réglé.

Pour RESF, l’heure est plus que jamais à la mobilisation pour le retour de Léonarda, de sa famille ainsi que de Khatchik, le jeune lycéen arménien, absent de l’intervention présidentielle.

Resf25 appelle à se rassembler Lundi 21 octobre à 17 h place Pasteur, pour le retour sans condition de la famille Dibrani et du jeune Khatchik.

RESF

0630730881