Déclaration préalable de la FSU au CTPD du mardi 4 octobre 2011

Mmes et Mrs les membres du CTPD,

D’une rentrée à l’autre, les dégradations s’aggravent.

Rentrée 2011 :

Un rapport de L’OCDE a lancé "une alerte grave" sur l’état du système éducatif français. On y voit "une concomitance" entre désengagement de l’Etat, baisse des taux de scolarisation et hausse des inégalités. "De 1995 à 2009, un net recul du taux de scolarisation entre 15 et 19 ans nous distingue nettement des autres pays de l’OCDE. Alors que la moyenne est une hausse de 9,3%, en France c’est une baisse de 5%. Pour un pays développé, c’est très préoccupant",. "En outre, entre 1995 et 2008, la part des dépenses d’éducation dans les budgets publics a augmenté en moyenne dans l’OCDE, alors qu’en France elle a baissé de 11,5% à 10,6%, signe objectif d’un désengagement de l’Etat en matière d’éducation". Ce rapport confirme de nouveau que « la France se distingue des autres pays par un poids plus élevé de l’origine sociale dans la réussite scolaire, et notamment par des risques élevés d’échec des élèves de niveau social faible". On comprend d’autant mieux le malaise actuel dans l’éducation, qui ne paraît plus une priorité au vu des comparaisons internationales. Les constats de cette rentrée dans le Doubs confirment complètement cette analyse.

Dans le 1er degré :

Les suppressions de postes dans le département, liées à la hausse démographique et à la suppression de la comptabilisation des enfants de deux ans donnent des classes aux effectifs trop chargés pour assurer une réelle égalité des chances.

La mauvaise situation du remplacement à cette rentrée, le redéploiement des postes de RASED ( vous parlez de solidarité, nous affirmons gestion de la pénurie), une formation initiale des nouveaux enseignants inexistante ( 2 jours seulement de formation au lieu de la semaine annoncée aux T1 au mois d’octobre) empêchent le Service Public d’Education de donner scolairement plus à ceux qui socialement ont moins.

Les dégradations ne concernent pas uniquement les personnels enseignants et les écoles. Les personnels administratifs sont aussi victimes de redéploiement, aggravant encore le fonctionnement du Service Public dans le 1er degré.

Dans le second degré, la rentrée est techniquement réussie, comme d’habitude… Mais à quel prix !

Pour 212 élèves supplémentaires, la DHG a été amputée de 302 heures. Dans 23 collèges sur 47 un niveau au moins supporte un effectif entre 26 et 29 élèves par classe. 41% des classes du département fonctionnent avec 25 élèves ou plus. L’effectif moyen par classe est en augmentation dans le département, en particulier sur Montbéliard.

Les élèves sont placés dans des conditions d’étude inadmissibles : exemple au collège Stendhal, en 3°, avec 29 élèves par groupe d’espagnol, 26 en latin et 30 en latin 5° ! Et ce n’est pas un cas isolé.

Les groupes ont été supprimés pratiquement partout, y compris en SVT, sciences physiques et technologie, ainsi que les heures de laboratoire dans certains établissements.

Dans plusieurs collèges du secteur de Montbéliard,la dotation a été insuffisante pour l’achat de manuels scolaires, notamment pour l’histoire-géographie en 4°, alors que le programme a changé à cette rentrée.

Les TZR manquent déjà dans de nombreuses disciplines et le remplacement commence à être un problème un mois après la rentrée. Les compléments de service continuent de se multiplier et de plus en plus sur 3 établissements. Les réunions pseudo-pédagogiques mobilisent de plus en plus les enseignants, au détriment d’un véritable travail d’accompagnement des élèves en difficulté. Il semble que l’essentiel consiste à faire passer les réformes quel qu’en soit le prix en terme d’échec scolaire. Ainsi, alors que les fondamentaux de l’Ecole ne sont plus assurés pour tous les élèves dans des conditions acceptables, on expérimente : rythmes scolaires au collège Brossolette, alors que la fusion avec le collège Pergaud provoque des problèmes matériels considérables (pas d’électricité à la rentrée, pas de connection informatique, bâtiments provisoires mal conçus et en nombre insuffisant), classe sans note au collège de Roulans, reposant essentiellement sur les épaules des enseignants.

Dans quel but ? A partir de quelle réflexion ?

Le dispositif ECLAIR se met en place dans la confusion : préfets des études pas encore nommés, missions mal définies pour les assistants pédagogiques, volonté de certains principaux d’avancer à marche forcée vers un profilage de tous les postes.

Dans les SEGPA les enseignants connaissent des difficultés graves et persistantes.

Les effectifs constatés sur le terrain ne sont pas ceux que nous indique l’administration. On observe des classes à 18, à 19 élèves. Jusqu’où irons nous ?

Vient s’ajouter l’augmentation des élèves en inclusion (un tiers des effectifs dans certains cas), l’augmentation des PAI et la non prise en compte du nombre des élèves d’ULIS qui intègrent totalement ou partiellement les cours en SEGPA.

Ce constat met les enseignants dans l’impossibilité d’effectuer leur mission d’enseignant spécialisé les plaçant aussi dans des situations moralement insupportables qui finissent par être vécues comme du mépris.

Cette gestion comptable ne peut répondre aux besoins spécifiques de nos élèves.

Les annonces pour la rentrée 2012 ne vont qu’aggraver une situation pour nous déjà catastrophique.

Le ministère de l’Education nationale a précisé la répartition des 14.000 postes qui seront supprimés à la rentrée prochaine dans le cadre du budget 2012. En voici les détails :

"-" 5.700 postes d’enseignants dans les écoles primaires publiques.

"-" 6.550 postes d’enseignants dans les collèges et lycées publics.

"-" 400 postes au sein des personnels administratifs de l’Education nationale.

"-" 1.350 postes dans l’enseignement privé sous contrat. Au ministère, on précise que les "leviers" pour supprimer ces postes seront les mêmes que l’an dernier :

"-" Possible augmentation de la taille des classes dans les écoles et collèges (hors éducation prioritaire, où le "plafond" d’élèves par classe est "réglementairement" fixé à 25 dans les écoles et les collèges, a-t-on rappelé).

"-" Les enseignants affectés hors des classes (il en reste "20.000 dans le premier degré", dont les "Rased" spécialisés dans la lutte contre l’échec scolaire).

"-" Disparition progressive des intervenants extérieurs de langues étrangères dans les écoles primaires.

"-" Regroupements d’établissements, diminution des décharges de services d’enseignement, adaptation de l’offre de formation des lycées généraux et professionnels par exemple en mutualisant des options rares.

"-" Poursuite de la diminution de la scolarisation en maternelle des enfants âgés de deux à trois ans.

"-" Suppressions de postes d’enseignants remplaçants.

"-" "Rationalisation" des moyens en personnels administratifs.

Nous souhaitons également exprimer officiellement notre colère de voir bafouer les règles d’élaboration de la carte scolaire pour cette rentrée. Les exemples du RPI de Vaufrey, Glère… et de l’école maternelle de Frasne, où des interventions de députés vont à l’encontre de l’équité de traitement entre les écoles. Nous rappelons que le Service Public d’Education se doit d’être garant de l’état de droit. Ce n’est pas le cas pour cette rentrée. A quoi cela sert-il de tenir des CTPD si des interventions plus ou moins ouvertes contredisent les décisions qui y sont prises ?

La FSU n’acceptera jamais ces manœuvres électoralistes et cette négation du paritarisme.

Pour exprimer notre colère nous quittons ce CTPD et invitons tous les membres attachés au droit à nous accompagner.