Tribune publique à l’initiative de plus de 80 citoyens « à titre individuel » et une vingtaine d’organisations, associations ou partis politiques de gauche (de LFI à EELV en passant par le PCF, Génération. s, la FSU ou SOS Racisme)

Le moment est très grave. Après l’assassinat de Samuel Paty, professeur d’histoire, de géographie et d’éducation morale et civique, un autre crime a été commis à Nice. Nous disons notre pleine solidarité avec les victimes et leurs proches dans ces drames terribles. Ces crimes visent à semer la peur et la haine entre nous. Ne nous laissons pas prendre à ce piège.

Les débats, y compris après des tragédies, sont justifiés et souhaitables en démocratie. Mais alors qu’en pareil instant, c’est d’unité autour de nos valeurs républicaines dont nous aurions besoin, certains, par leur propos stigmatisants pour nos compatriotes musulmans et insultants à l’égard d’organisations politiques ou syndicales, d’associations, de journaux, de personnalités, sèment le vent de la division et de la haine. Ces propos sont particulièrement indignes et irresponsables quand ils émanent de celles et ceux qui devraient être les garants de la paix civile, à savoir les membres du gouvernement. Depuis lors, sur les plateaux télé, dans nos villes, des digues ont sauté. À Nice, ce sont des membres de Génération identitaire qui défilent dans les rues, à Avignon un homme se revendiquant de ce groupuscule menace un commerçant maghrébin, à Paris, Action française appelle à « décapiter la République ». Nous dénonçons et alertons de ce climat qui nous rappelle les pires moments de notre histoire. Islamisme radical et extrême droite portent le même dessein, celui de fracturer nos sociétés.  Nous devons lutter contre l’un et l’autre.

Les manifestations meurtrières des idéologies totalitaires doivent être combattues. Nous en avons déjà les outils juridiques. Cessons de faire une loi après chaque drame. Des lois qui ne servent à rien si ce n’est créer l’illusion et rogner nos libertés. En revanche, il manque des moyens, notamment pour le renseignement. De même, la question du lien des terroristes avec d’éventuels États pétroliers gros clients de la France doit être éclaircie. Sur ce point des questions peuvent être posées. Samuel Paty se savait menacé, sa hiérarchie en était informée, son assassin avait fait l’objet de signalements clairs. Comment se fait-il que rien n’ait été mis en place pour éviter ce drame ? À Besançon, par exemple, une jeune fille ayant proféré des paroles indignes suite à la mort de Samuel Paty a été interpellée et condamnée immédiatement.

Le totalitarisme islamiste et les pressions qu’il exerce sur nos libertés en général, celles des femmes, des personnes LGBT+ en particulier, appellent des actions en priorité sur le terrain éducatif, social et politique. Il faut bien convenir que la République est une promesse encore largement inachevée, l’égalité sur le territoire loin d’être une réalité. Pour cela l’École de la République est aux avant-postes, mais ceux et celles qui y travaillent doivent être soutenus. La laïcité est également un de nos « biens » précieux. Elle n’est pas une arme contre les croyants, quels qu’ils soient et d’où qu’ils viennent. Elle est un outil pour la paix, un pacte rationnel et politique par lequel l’État respecte la liberté de conscience et de culte des citoyen.ne.s qui en retour acceptent de ne pas remettre en cause les lois de la République au nom de leurs croyances.

Au-delà de nos divergences, nous appelons à une mobilisation autour de ce qui nous rassemble : les urgences sociales, écologiques et démocratiques, autour des principes laïcs et républicains. Autour de nos valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité, qui font de la France une nation universelle. Aujourd’hui l’essentiel est en jeu. Nous voulons dire  aussi notre solidarité avec nos compatriotes musulmans meurtris par ces crimes comme nous le sommes et qui veulent vivre leur religion dans la sérénité et le respect des lois de la République.

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